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Sevrage précoce du chaton et troubles comportementaux

Choquée par certains agissements de particuliers, par les cours délivrés aux éleveurs qui conseillent de :

– « tarir le lait de la mère quand les chatons ont 7 semaines en les séparant d’elle dans la journée. » Sympa pour la mère, je rappelle qu’elle a des montées de lait et que si les tétines ne sont pas vidées régulièrement, c’est très douloureux !!! Ceux qui prônent ce genre de conseils n’ont sûrement pas allaité ! Moi si, et les femmes qui ont connu ce bonheur le confirmeront. De plus, séparer la chatte de ses chatons l’empêche d’accomplir son travail d’éducation essentiel pour leur équilibre de chat adulte.

– « supprimer la nourriture et l’eau à la chatte pendant 24 heures. » On ne supprime jamais l’eau à un chat qui se déshydrate très vite et ce qui risque d’endommager ses reins très fragiles !!!

je vous propose la lecture de quelques documents très intéressants sur le sujet.

À l’association, nous biberonnons certains chatons recueillis sans leur mère car introuvable. Ce sont les chatons qui décident de lâcher le biberon à chacun leur tour selon leurs besoins, pas nous même si biberonner une portée est épuisant. Le chaton boit avec une tétine et non une seringue afin de pourvoir à son besoin naturel de téter. C’est indispensable. Le chaton est également mis en contact régulier avec nos adultes attirés par lui et qui s’en occupent en le léchant, en lui faisant des câlins et en jouant, ce qui participe à le sociabiliser et à ce qu’il devienne un adulte le plus équilibré possible. Oui car personne ne peut remplacer sa mère. Quand nous avons la chance d’avoir la maman avec sa portée, c’est top ! Et là, nous surveillons mais nous la laissons faire son travail de maman. Observer une maman animal, quel qu’il soit, avec ses petits est très instructif et l’on se rend compte qu’il n’y a bien que l’humain qui doive apprendre à gérer tout ça. L’animal, lui, sait tout ce qu’il a à faire et ce, même la première fois, fascinant… Quand la chatte estime avoir terminé l’éducation de ses chatons, elle les rejette et nous devons les séparer si elle devient trop agressive envers eux. C’est tout à fait normal, c’est le contraire qui ne l’est pas. Mais tant qu’elle ne les rejette pas, elle reste avec eux. Et s’ils tètent pendant six mois et que la maman est d’accord, nous les laissons car c’est sûrement que les chatons en ont besoin pour une raison qui nous échappe. Ah oui, les chatons ne peuvent pas être adoptés tout petits mais au moins, nous leur donnons une chance d’être en bonne santé, super bien équilibrés, de ne pas uriner partout plus tard, de ne pas être stressés et souffrir de léchage compulsif, d’être heureux avec leurs adoptants qui n’auront pas envie de les abandonner parce qu’ils marquent partout dans la maison, griffent ou mordent, voire sont devenus agressifs à l’âge adulte ! Parce que beaucoup de chats adultes que nous sauvons de la rue sont d’anciens chatons sevrés trop tôt et n’importe comment par des gens qui les considèrent plus comme des jouets ou des objets que comme les êtres vivants qu’ils sont et que chacun devrait respecter… Ils stressent, marquent leur territoire… et hop, solution de facilité, on les jette…

Sevrage et comportement félin : les chats sevrés précocement sont prédisposés à l’agressivité et aux stéréotypies

Une étude* finlandaise montre que l’âge du sevrage chez le chat a un impact direct sur le comportement futur de l’animal. Ainsi, un sevrage précoce augmente significativement le risque de développement, chez l’adulte, de troubles du caractère et de la socialisation tels que l’agression et les comportements stéréotypés. Le Pr Hannes Lohi et son équipe, de l’université d’Helsinki, ont étudié les effets du sevrage avant 12 semaines d’âge sur le comportement de 5 726 chats de 40 races différentes. Face à la fréquence des troubles comportementaux rapportés par les propriétaires, l’étude suggère qu’un sevrage retardé de deux semaines constitue une solution simple pour améliorer le bien-être de millions de chats domestiques.

Chez le chat, l’animal de compagnie le plus populaire dans le monde, les troubles du comportement sont finalement assez courants, et peuvent être le signe d’un stress aigu ou chronique. Pour évaluer les effets du sevrage précoce (avant 12 semaines) sur le comportement félin, une enquête par questionnaire a permis de recueillir de multiples données sur la santé, les conditions de vie et le comportement de près de 6 000 chats vivant à l’intérieur. Leurs propriétaires ont défini le niveau d’activité de leur animal, la tendance à rechercher le contact avec l’homme, l’agressivité envers les membres de la famille, les étrangers et les autres chats, ainsi que la crainte manifestée envers les inconnus et les nouveaux stimuli, le tout sur une échelle à cinq niveaux. Les problèmes de comportement sont apparus plus fréquents que prévu. Ainsi, des troubles légers ont été signalés chez plus de 80 % des chats, alors que 25 % présentaient des problèmes plus sévères.

Les résultats montrent que le sevrage avant l’âge de 8 semaines entraîne une augmentation de l’agressivité et des stéréotypies chez le chat adulte. À l’opposé, les chats sevrés à 14 ou 15 semaines présentent un risque significativement plus faible de manifester un comportement agressif envers les autres chats, les étrangers ou les membres de la famille que les chats sevrés précocement, ainsi qu’une probabilité plus faible d’exprimer un comportement anormal (toilettage excessif, succion de laine, etc.) que les chats sevrés à 12 semaines.

La faible probabilité d’un comportement stéréotypé chez les chats sevrés tardivement s’explique en partie par une plus faible probabilité d’agressivité, qui à son tour est corrélée à un comportement stéréotypé. Ces troubles sont liés, constate l’étude. Une agressivité accrue est ainsi corrélée à l’augmentation des stéréotypies. Selon les auteurs, les effets du sevrage précoce se manifestent spécifiquement par de l’agression, souvent induite par l’anxiété, et des comportements stéréotypés, ce qui suggère des dysfonctionnements au niveau des neurotransmetteurs des ganglions de la base du cerveau.

L’âge auquel les chatons peuvent être séparés de leur mère et de leurs frères et sœurs, pour intégrer un nouveau foyer, fait débat un peu partout dans le monde. En Finlande, l’âge minimal recommandé du sevrage est de 12 semaines, mais dans de nombreux autres pays, comme en France ou aux États-Unis, le sevrage à 8 semaines est couramment admis.

Sur la base de l’étude, les chercheurs finlandais concluent que le sevrage précoce a un effet néfaste sur le comportement de l’animal adulte. L’âge de sevrage recommandé devrait être prolongé d’au moins deux semaines, pour le porter à 14 ou 15 semaines d’âge. Ils affirment que ce report constitue un moyen facile et efficace de réduire les problèmes de comportement, donc d’améliorer la santé et le bien-être de millions de chats domestiques. Adopter la pratique d’un sevrage retardé de deux semaines pourrait ainsi avoir un impact positif global sur la qualité de vie des chats et de leurs propriétaires à l’échelle mondiale.

Bien que les effets néfastes du sevrage précoce aient été évalués chez plusieurs espèces animales, aucune étude n’avait encore été menée chez le chat. Par exemple, chez les rongeurs, les singes et les visons, la séparation précoce avec la mère conduit à une prévalence plus élevée des comportements stéréotypés et agressifs. Un phénomène similaire a été observé chez le chien.

* M.K. Ahola, K. Vapalahti, H. Lohi : Early weaning increases aggression and stereotypic behaviour in cats. Scientific Reports, 2017, 7 (1)

Source : Vetitude.fr du 

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